citations

Quelques marcheurs de légende :

  • Jean-Louis ETIENNE (Le Marcheur du Pôle)
  • Mahatma GANDHI (Résistance non-violente, la marche du sel)
  • Arthur RIMBAUD   (1854-1891) : Ma bohème
  • Jack KÉROUAC (Sur la route)
  • Jean-Jacques ROUSSEAU (Rêveries d’un promeneur solitaire)
  • Marcel PROUST (Du côté de chez Swann)
  • René CAILLÉ (Journal d’un voyage à Tombouctou)
  • et aussi MOÏSE (Exode, 40 ans dans le désert…)

(extraits de « Marches et rêves » (J. Lanzmann, Lattès 1988)
Le pied est au marcheur ce que les mains sont au pianiste. les orteils sont donc aussi fragiles que les doigts – et d’ailleurs, tout aussi « intelligents », contrairement aux idées reçues. Il faut bannir une fois pour toutes l’expression « bête comme un pied » et apporter à ceux-ci un maximum de soins, d’attention… et même de tendresse.
– Partir, mais si possible à pied. Parce que au lieu de traverser les choses on les côtoie. Parce que au lieu de croiser les gens on les accompagne. Parce que au lieu de filer à travers le pays on file son chemin, au pas à pas, comme l’araignée tisse sa toile. Parce que le paysage, qu’il soit plaine ou montagne, déprimant ou enthousiasmant, est à la fois notre prisonnier et notre geôlier. A pied, parce que marcher c’est retrouver son instinct primitif, sa place et sa vraie position. Son équilibre mental et physique. C’est aller avec soi, sans autre recours que ses jambes et sa tête. Sans autre moteur que celui du cœur, celui du moral.
– Marcher, c’est perdre peu à peu tout ce que l’on a acquis de superflu… Marcher, c’est se mettre à l’écoute du corps qui n’en revient pas d’être ainsi sollicité er libéré… C’est en poussant son corps hors de ses limites qu’il se définit le mieux à l’intérieur de ses frontières…

(extraits de « Marcher, une philosophie » (F. Gros, CarnetsNord)
Sport? Marcher n’est pas un sport. Mettre un pied devant l’autre, c’est un jeu d’enfant…
La marche, on n’a rien trouvé de mieux pour aller plus lentement. Pour marcher, il faut d’abord deux jambes. Le reste est vain. Aller plus vite? Alors, ne marchez pas, faites autre chose : roulez, glissez, volez. Ne marchez pas. Et puis, marchant, il n’y a qu’une performance qui compte : l’intensité du ciel, l’éclat des paysages. Marcher n’est pas un sport.
Lenteur Marcher, tout le monde sait faire. Un pied devant l’autre, c’est la bonne mesure, la bonne distance pour aller quelque part, n’importe où. Et il suffit de recommencer… Le signe authentique de l’assurance est une bonne lenteur, qui n’est pas exactement le contraire de la vitesse. C’est d’abord l’extrême régularité des pas, leur uniformité. C’est à ce point qu’on dirait presque que le bon marcheur glisse, ou plutôt il faudrait dire que ses jambes tournent, formant des cercles… La lenteur est surtout le contraire de la précipitation.
Solitude? Dès qu’on marche on est aussitôt deux. Surtout après avoir marché longtemps. Je veux dire qu’il y a toujours, même seul, ce dialogue entre le corps et l’âme. Quand la marche est régulière, j’encourage, je flatte, je félicite : bonnes jambes qui m’emportez… Pendant les longs moments d’effort, quand le corps est à la peine, je suis là pour le soutenir : allez, encore, bien sûr tu peux…
Eternités Dès qu’on marche sur plusieurs jours ou plusieurs semaines, les nouvelles n’ont plus d’importance. On ne sait bientôt plus rien du monde et de ses soubresauts, de l’ultime rebondissement de la dernière affaire : dès qu’on marche, tout ceci n’a plus d’importance.
C’est étonnant comment, de marcher loin, longtemps, on en vient même à se demander comment on pouvait y trouver intérêt…
On ne fait rien en marchant, rien que marcher. Mais de n’avoir rien à faire que marcher permet de retrouver le pur sentiment d’être, de redécouvrir la simple joie d’exister, celle qui fait toute l’enfance. Ainsi la marche, en nous délestant, en nous arrachant à l’obsession de faire, nous permet d’à nouveau rencontrer cette éternité enfantine…
Quand on marche, le monde n’a plus ni présent ni futur. Il n’y a plus que le cycle des matins et des soirs.
Elémentaire (le bagage du pèlerin) Le nécessaire, c’est un niveau au-dessous de l’utile…
Un dernier niveau, c’est celui de l’élémentaire.